Grégory Villemin

De 1917 à 1922, une épidémie de lettres anonymes s'abat sur la ville de Tulle. Glissés dans les paniers des ménagères, abandonnés sur les trottoirs, les rebords des fenêtres et jusque sur les bancs des églises, ces centaines de courriers qui dénoncent l'infidélité des uns, la mauvaise conduite des autres alimentent toutes les conversations.

Le 16 octobre 1984, le capitaine de gendarmerie Étienne Sesmat se trouve sur les bords de la Vologne, dans les Vosges, alors qu'on retire des eaux le corps du petit Grégory Villemin. Il ne se doute pas en cet instant que ce drame va devenir l'une des plus grandes dérives judiciaires des vingt années à venir...Très vite, " l'affaire Grégory " défraie la chronique et divise l'opinion.

« Malgré huit ans de silence, il ne se passe pas un mois sans qu'un journal parle de nous ou que l'on nous salisse. Nous aimerions pourtant être vus tels que nous sommes et pour ce que nous avons fait. C'est pourquoi nous avons décidé de mettre toutes les cartes sur la table : nos souvenirs, notre douleur, notre amour, nos lettres et même notre livre de comptes. Voilà notre histoire. Chacun pourra juger si nous avions mérité, après l'assassinat de notre fils, d'être haïs à ce point-là. »

En 1984, jeune journaliste à Europe 1, Laurence Lacour arrive dans la vallée de la Vologne pour couvrir l'assassinat de Grégory Villemin, 4 ans, enlevé, tué et jeté dans la rivière. " J'espère que tu mourras de chagrin, le chef ", a écrit l'assassin dans une lettre anonyme adressée au père de l'enfant.

«J'ai appris le journalisme au bord de la Vologne. Je l'ai désappris aussi. C'est sous la ligne bleue des Vosges que tout s'est joué pour moi entre 1984 et 1985. Un stage déformation ultra-intensif J'ai été pris dans un shaker médiatico-judiciaire dont je ne suis pas sorti indemne. Même si, contrairement à d'autres, j'en suis sorti...» Denis Robert

16 octobre 1984. La radio annonce que le corps d'un enfant ligoté a été retrouvé dans une petite rivière des Vosges. L'affaire Grégory vient de débuter. Serge Garde, journaliste à «L'Humanité dimanche», entend la nouvelle à la radio. Il se souvient de sa première réaction: «Voilà justement le type de faits divers sordide sur lequel je n'écrirai jamais».