Grégory Villemin

A partir du mois de septembre 1981, Albert VILLEMIN, ouvrier de filature, et son épouse Monique JACOB, demeurant à AUMONTZEY dans les Vosges, leurs enfants Jacky, Jacqueline, Michel, Jean-Marie et Gilbert, ainsi que les conjoints de ceux-ci et certains de leurs parents et alliés furent harcelés de centaines d'appels téléphoniques anonymes malveillants, parfois muets ou moqueurs, souvent insultants ou menaçants, qui tendaient, semble-t-il, à déstabiliser cette famille, à la diviser, à pousser son chef à se détruire en lui rappelant que son père s'était suicidé et en annonçant des accidents imaginaires.

Une plainte pour violence et voies de fait déposée le premier décembre 1982 à la gendarmerie de CORCIEUX par Albert VILLEMIN, qui avait reçu la veille vingt sept communications anonymes, fut suivie d'une information judiciaire contre x. Elle resta sans effet. Les appels persistèrent et le 26 janvier 1983, il en reçut encore dix-sept. Leur auteur, qui semblait très bien renseigné sur les faits et gestes des destinataires, ne fut jamais identifié. Néanmoins ces agissements cessèrent le 17 mai 1983 quand la ligne téléphonique du plaignant eut été mise sous écoute. D'autres membres de sa famille continuèrent à recevoir des appels. I1 yen aurait eu un notamment le 8 avril 1984. Ces communications paraissaient émaner tantôt d'un homme à la voix rauque et essoufflée, tantôt d'une femme.

A l'occasion de l'une d'elles, le correspondant inconnu avait annoncé qu'il brûlerait la maison de Jean-Marie VILLEMIN, contremaître à l'usine AUTO-COUSSIN de LACHAPELLE-devant- BRUYERES. Celui-ci avait répondu "Je m'en fous". Le Corbeau avait alors dit qu’il s’en prendrait à sa femme. Jean-Marie VILLEMIN avait répliqué "j’en trouverai une autre". Le Corbeau avait enfin menacé d'enlever Grégory. Jean-Marie VILLEMIN qui idolâtrait son fils, avait rétorqué "Ne fais jamais ça" , montrant ainsi à son interlocuteur quel était le meilleur moyen de l'atteindre.

Les membres de la famille VILLEMIN, notamment Albert. et Jean-Marie, furent. également victimes de diverses persécutions: fausses commandes passées en leur nom, dégradations d'immeubles et de voitures (vitres cassées, pneus crevés) . En outre, au cours de l'année 1983, trois lettres anonymes, deux en caractères typographiques, une en écriture cursive hormis les quatre derniers mots, furent adressées à des membres de la famille VILLEMIN. La première, destinée à Jean-Marie VILLEMIN, fut découverte le 4 mars 1983, dans les volets de sa maison. Les deux autres furent respectivement adressées le 27 avril et le 17 mai 1983 de BRUYERES aux époux Albert et Monique VILLEMIN.

L'auteur de ces appels et de ces écrits, désigné par ses victimes sous le nom de Corbeau, prenait souvent la défense de Jacky VILLEMIN, fils aîné de Monique JACOB, né avant le mariage de celle-ci et qu'Albert VILLEMIN avait légitimé bien qu'il n'en fût pas le père. Il était reproché à la famille VILLEMIN de le tenir à l'écart et de le traiter moins bien que les autres enfants. Albert VILLEMIN et Jean-Marie, qui de tous ses fils avait le mieux réussi, étaient particulièrement visés par les menaces.

La première lettre était ainsi conçue :

JE VOUS

FEREZ

VOTRE

PEAU A LA

FAMILLE

VILLEMAIN

 

 

La seconde était rédigée en ces termes :

SI VOUS VOULEZ

QUE JE M'ARRÊTE JE VOUS PROPOSE UNE SOLUTION.
VOUS NE DEVEZ PLUS FRÉQUENTER LE CHEF. VOUS DEVEZ LE CONSIDÉRÉ LUI AUSSI COMME UN BÂTARD, LE METTRE ENTIÈREMENT DE CÔTÉ, POUR VOUS ET SES FRÈRES ET SOEUR.
SI VOUS NE LE FAITES PAS, J'EXÉCUTERAI MES MENACES QUE J'AI FAIT AU CHEF POUR LUI ET SA PETITE FAMILLE. JACKY ET SA PETITE FAMILLE A ÉTÉ ASSEZ MIS DE CÔTÉ.

AU TOUR DU CHEF D'ÊTRE CONSIDÉRÉ COMME UN BÂTARD.
IL SE CONSOLERA AVEC SON ARGENT.

A VOUS DE
CHOISIR.

LA VIE
OU LA MORT.

 

La troisième lettre, sensiblement plus longue, contenait les mots suivants: 

Je vois que rien à changer chez vous il n'y en a toujour que pour les mêmes et le chef vient toujour. Vous pouvez montrer l'autre lettre et celle-là à Jacky car j'arrete. il est toujour mis de côté, cela ne sere à rien que je les défende... Il n'y a que votre salope de fille et son vieux qui ont le droit de salir vos assiettes le dimanche.
Il n'y en a que pour le gendre, il compte plus que vos fils, surtout pour toi la vieille c'est ton "NONOCHE" et il se premet tout à Aumontzey.
et le petit de granges, il n'est pas une journée sans descendre chez vous et il faut toujour qu'il mette son grin de sel partout quand il devrait fermer sa grande gueule mais pas d'effet et sa connasse de gonzesse, elle fait toujour la grande malade avec sa salle gueule de cochon "le CINEMA". Autour du chef, du balaise, il peut arrêter de chier dans son slip, je ne veux pas lui faire de bobo au balaise de maman ni à sa pimbêche de gonzesse ni à son mioche. Jacky ne serai pas mieu estimer pour ça et il sera toujour considerer comme un bâtard, le pauvre mec.
eh! toi le vieux, tu en as prix un coup de vieux, tu m'as l'air bien malade. eh oui le vieux, j'arrête et tu ne sauras jamai qui t'as fait chié pendant deux ans. Je me suis vengé car je vois que tu rumines, tu ne te penderas peut être pas mais je m'en fou car ma vangeance est faite. Je te hais au point d'aller cracher sur ta tombe le jour ou tu creveras.

Jacky n'est peut etre pas plus estimer mais je m'en fou je me suis venger. Ceci est ma dernière lettre et vous n'aurez plus aucune nouvelle de moi. Vous vous demanderez qui j'étais mais vous ne trouverez jamai. que le tout fou d'à côté arrête de frimer car il prend un coup de poing dans la gueule et il se sauve.

ADIEU MES CHERS CONS.

 

 

(source : EXTRAIT DES MINUTES ET ACTES DU SECRETERIAT GREFFE DE LA COUR D’APPEL DE DIJON - 3 février 1993)