Grégory Villemin

Extrait du procès verbal du 20 juin 1989 de Murielle BOLLE, auditionnée par le Juge Simon.

Juge SIMON : Comment avez vous appris la mort de G ?

Murielle BOLLE : le 17 au matin, chez tante Louisette, elle l'a reconnue le matin sur la photo.

Juge SIMON : A l'instant précis où nous sommes, il se pourrait bien que la vérité soit ici entre nous, si le 16 octobre 84, Bernard LAROCHE est venu vous cherchez au CES et vous a ensuite emmenée à Lépanges, cela ne signifie pas pour autant qu'il soit l'assassin, il a pu tout simplement remettre l'enfant à quelqu'un dont il ne connaissait pas le projet, pouvez-vous me dire en conscience, comme vous le prétendez, qu'il ne serait pas venu vous cherchez à la sortie du CES ?

Murielle BOLLE : Non, il est pas venu me chercher, je suis rentrée par le bus, comme j'ai dit.

Juge SIMON : Je porte à votre connaissance les témoignages de ces 4 personnes (......) qui affirment que vous n'étiez pas dans le bus.

Murielle BOLLE : Je sais que j'y étais, et Bernard LAROCHE n'es pas venu me chercher à la sortie du CES

Juge SIMON : Monsieur (x), le chauffeur du bus affirme lui aussi que vous n'étiez pas dans le bus que dites-vous ?

Murielle BOLLE : Je sais que je me souviens que j'y étais. JS: Je porte à votre connaissance le témoignage de (x) qui affirme que vous n'étiez pas dans le bus le 16 octobre.

Murielle BOLLE : Pour moi j'étais dans le car.

Juge SIMON : Je porte à votre connaissance le témoignage de (x) qui affirme vous avoir vu vous diriger vers une voiture et reconnu le véhicule photo D448 que je porte à votre connaissance, cette photo correspond à la voiture de votre beau-frère... Ce témoin précise vous avoir vu aussi passer avenue (x), assise à l'avant du côté passager. MB :Non c'est pas vrai... JS :Je vous donne lecture du témoignage (x) qui dit vous avoir vu vous diriger vers une voiture qu'il a identifié comme étant celle de Bernard LAROCHE.

Murielle BOLLE : Jamais été dans la voiture de Bernard LAROCHE.

Juge SIMON : On pourrait imaginer qu'un témoin se trompe, ne trouvez pas surprenant qu'autant de témoins commettent la même erreur ?

Murielle BOLLE : Je maintiens, je suis bien montée dans l'autocar.

Juge SIMON : Vous avez été entendu par le juge, le 5 novembre 84, sur vos déclarations du 2 et du 3 novembre, vous lui avez redit ce que vous aviez dit aux gendarmes , celui-ci vous a demandé si votre déclaration n'avait pas été dictée par ses gendarmes, et que si vous aviez menti votre mensonge n'aurait aucune conséquence, pourquoi n'avez-vous pas saisi les perches qu'il vous tendait si vous aviez été menacée par les gendarmes comme vous le prétendez ? MB: c'est que j'avais peur des gendarmes. JS :Le 5 novembre lors de la reconstitution , le juge vous a pris à part 2 fois pour reposer la même question , mais vous avez maintenu pourquoi ?

Murielle BOLLE : Je vous l'ai dit, j'avais peur des gendarmes, parce qu'ils étaient à côté du juge.

Juge SIMON : Il y a aussi ici plein de gendarmes autour de nous... MB: c'est pas les mêmes.

Juge SIMON : Lorsque vous avez été entendu dans les locaux de la gendarmerie, vous avez été examiné par le docteur (x) qui vous a trouvé selon ses termes "En excellente condition physique et psychique, et très détendue". MB: J'étais fatigué je voulais rentrer chez moi.

Juge SIMON : vous avez déclaré, que sur les hauts de Lépanges Bernard LAROCHE avait voulu prendre une route, et que cette route était barrée pour raison de travaux, si vous ne connaissiez pas Lépanges comment avez vous pu inventer ce détail ?

Murielle BOLLE : C'est les gendarmes qui m'ont dit que cette route était barrée, c'est pas moi qui leur ai dit.

Juge SIMON : Je suis obligé de vous dire que vous êtes en contradiction avec les déclarations de votre beau-frère, si vous dites la vérité comment pouvez vous expliquer cela ?

Murielle BOLLE : Je vous ai dit que je suis pas allée à Lépanges.

Juge SIMON : vous avez déclarée au gendarme (x) concernant la journée du 16 octobre :"Oui je me souviens de cette journée, je m'en souviendrais toute ma vie... ", vous souvenez-vous d'avoir tenu de tels propos ?

Murielle BOLLE : Non, je me souviens pas.

Juge SIMON : Je porte à votre connaissance les déclarations de Mme (x) et de Mme (x), qui disent que selon les déclarations de votre soeur (x), elle leur auraient confiées que Bernard LAROCHE serait venu vous chercher à là sortie du CES à 17h00, et que c'est vous même qui lui aviez dit, qu'avez vous à répondre ?

Murielle BOLLE : Je connais pas ces personnes, et je ne suis pas au courant de confidences que ma soeur aurait pu faire à d'autres personnes.

Juge SIMON : Dans quels conditions est intervenu votre revirement de déclaration devant le juge ?

Murielle BOLLE : J'ai dit à ma mère que je n'étais pas allée à Lépanges avec Bernard LAROCHE, c'est ma mère qui a demandée un RDV avec le juge.

Juge SIMON : Cette nouvelle déposition a été faites librement ?

Murielle BOLLE : Oui

Juge SIMON : Votre nouvelle déposition n'a pas été dictée par un membre de votre famille, vous n'avez pas été malmenée, ni battue, ni menacée par qui que ce soit ?

Murielle BOLLE : Non

Juge SIMON : Aucune pression n'a été exercée sur vous ?

Murielle BOLLE : Non, non !

Juge SIMON : Votre tante Louisette déclare que vous lui avez confiée : "En pleurant, beaucoup, beaucoup, que vous étiez allée à Lépanges puis à Docelles avec Bernard LAROCHE, où il serait parti avec le petit G et revenu seul ".

Murielle BOLLE : Je n'ai pas raconté ça à ma tante Louisette.

Juge SIMON : Un témoin qui vient de se faire connaître affirme qu'il se trouvait sur les hauts de Lépanges à l'heure supposée de l'enlèvement, il aurait croisé juste à coté du pavillon V une voiture, avec un homme assez corpulent et une femme rousse à ses côté, s'agirait-il de vous-même et de Bernard LAROCHE ?

Murielle BOLLE : Ca peut pas être moi ! Puisque je vous dis que je suis jamais allée à Lépanges !

Juge SIMON : Pensez vous que vous puissiez sortir d'ici la tête haute ?

Murielle BOLLE : .............. (pas de réponse)

(Elle signe le PV, se lève, et renverse la chaise en partant ).